Rituels funéraires, quelle est la place des amis, des collègues, des voisins ?

19 mars 2024 | Général

***Image : Le Soir

« Je ressens de la colère et de la tristesse, peut-être même de la frustration », nous dit ***Georges, 68 ans, ami de longue date de ***Pierre qu’il côtoyait deux fois par semaine au salon de quilles depuis 30 ans et avec qui il faisait un traditionnel voyage de pêche annuel depuis autant d’années.

Pierre est décédé subitement mais Georges, en dépit de son solide lien d’amitié, s’est senti exclu et privé de certains privilèges, dont celui de dire un dernier aurevoir à son ami en présence de son corps car seuls les membres proches de sa famille ont pu le faire. Il n’a pas pu, non plus, lui rendre hommage en lui offrant un petit mot lors de la cérémonie. Il n’a pas pu, non plus, être présent au cimetière. « Pourquoi moi, je n’ai pas pu vivre ces privilèges ? », se questionne Georges qui appréhende sa prochaine partie de quilles en l’absence de Pierre.

Quand survient un décès, le premier réflexe est évidemment de se tourner, en premier, vers la famille. C’est à eux qu’ont pensé les normes du travail en octroyant des congés rémunérés selon le lien de parenté. Autres faits : les bijoux funéraires sont destinés généralement à la famille et quand on apporte l’urne à la maison c’est habituellement dans une résidence de la famille du défunt.

Donc lorsque la mort d’un ami, d’un collègue ou d’un voisin survient, ces derniers perdent soudainement certains privilèges… Pourtant, le collègue a fréquenté le défunt 40 heures par semaine pendant 15, 20 ou 25 ans ? Il a peut-être passé plus de temps avec le défunt que sa propre épouse ou de ses enfants. Pourquoi ces gens sont privés de certains accès, même tenus écartés du lieu de recueillement.

Lorsque la mort d’un ami survient, c’est l’une des plus grandes déceptions qui est souvent ressentie. Celle de ne pas avoir été considéré. Un dernier aurevoir en présence du corps, avant la crémation ou l’inhumation, est un droit qui doit être réservé à toutes les personnes significatives afin de réaliser et d’accepter la réalité de la mort. Mais cela devrait être pour tous ceux qui en manifestent le désir.

Sans aller à l’encontre des volontés de l’être cher décédé, le rituel funéraire se veut une possibilité d’ouverture sur toutes les sphères de la vie d’une personne. On rend hommage à l’être social qui a une famille mais aussi des amis, des collègues et de multiples liens sociaux significatifs.

Donc, lorsqu’un thanatologue aborde avec vous les avantages de l’exposition d’une personne décédée ou l’importance de tenir des moments de commémoration, c’est à tous ces gens qu’il pense. Parce que souvent, c’est vers le thanatologue que les exclus se tournent pour exprimer leur peine ou leur frustration.

Lorsque vient le temps de prendre des décisions pour votre proche décédé, ne pensez pas que sa vie ne se résume qu’à sa famille proche. Voyez grand car les rites funéraires n’ont jamais de deuxième chance, ils ne se produisent qu’une seule fois et ce pour tous les gens qui apprécient la personne décédée !

*** Noms fictifs

***Texte inspiré de Mme Josée Masson, ambassadrice Corporation des thanatologues du Québec.

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