Parler de notre mort pour rendre précieuse notre vie jusqu’à la fin

19 février 2024 | Général

Un de vos proches part en voyage. Il ne vous dit pas où il va, ni ce qu’il y fera, mais il vous donne la responsabilité de faire ses valises dans les plus brefs délais. De plus, vous n’avez aucun accès à lui pour lui poser quelques questions…

Pas évident n’est-ce pas ?

Émotions possibles ressenties : stress, peur d’oublier quelque chose d’important, questionnements, frustration de porter le fardeau… Si vous avez beaucoup voyagé, peut-être que la tâche se fera dans le calme. Dans certains cas, ça peut ouvrir sur une possibilité de régler des comptes avec la personne (ex : ne pas mettre de parapluie car un jour il l’a fait souffrir) ou à l’opposé il y aura un surplus de bagages car on veut tellement prendre soin… Dans tous les cas, si vous n’avez jamais abordé ensemble la façon dont il aime voyager, ce sera un grand défi.

Voilà ce qui est arrivé dans une bonne proportion des 77 950 histoires de décès survenus au Québec l’an dernier[1]. Il est difficile de bien évaluer cette proportion car cette tendance ne figure dans aucun répertoire connu. Dans ma pratique et dans celles des thanatologues cependant, elle se dessine régulièrement. J’oserais dire trop souvent.

Parler de sa future mort n’est pas le sujet favori des québécois. Parler de la disposition de son corps, de ses volontés quant à ses rituels allant même jusqu’au scénario souhaité n’est pas une pratique courante. C’est que la mort fait peur, dérange et on veut éviter d’en parler à tout prix. Malheureusement, lorsqu’elle frappe, la grande majorité des proches regrettent d’avoir esquivé le fait universel d’aimer des êtres mortels. Les “morts” n’ont plus leurs mots à dire, les vivants eux doivent savoir bien “faire leurs valises”.

Que faire? Que nous soyons destinés à mourir subitement ou des suites d’une longue maladie, aborder nos préférences, nos volontés de cette ultime fin qu’est notre mort est essentiel afin d’aider nos proches à vivre leurs émotions le moment venu et non à se sentir démunis en devinant nos volontés. Que ce soit sous forme de documents écrits à la main laissés à un endroit connu, de discussions claires et ponctuelles avec les plus concernés ou de démarches formelles de préarrangements funéraires, sachez qu’il est extrêmement bienveillant à tout âge d’avoir cette réflexion.

Ne vous inquiétez pas, parler de la mort ne l’invite pas plus tôt dans votre vie, elle la rend par contre encore plus concrète et bien plus précieuse.

Josée Masson

Ambassadrice de la CTQ


[1]https://statistique.quebec.ca/fr/produit/tableau/naissances-deces-et-mariages-par-mois-et-par-trimestre-quebec#tri_phe=3528

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