Les rituels funéraires suite à une disparition_ Partie 1

26 janvier 2024 | Général

Par notre ambassadrice, Mme Josée Masson.

“J’y pense chaque jour, chaque nuit, chaque matin, chaque instant avant de m’endormir… Je me demande où elle est, ce qu’elle fait, si elle vit ou si elle est morte”. Voici des paroles communes à la majorité des gens qui vivent cette éprouvante réalité de la vie qu’est la disparition d’un être cher. Cette absence de l’autre, subite et souvent obscure, est particulière et complexe. Ici, je ne parlerai pas de ces cas où la mort est tenue pour certaine mais dont le corps demeure introuvable avec souvent une histoire non résolue. Je parle de ces disparitions marquées par l’attente, les questions, les inquiétudes, le manque, l’ennui et ce, sans accès aux faits réels.

La disparition en chiffre

Au Québec, actuellement sur le site internet de la Sureté du Québec (https://www.sq.gouv.qc.ca/disparus/), il y a 109 personnes disparues. Leur plus ancienne datant de 25 ans, j'ai poussé plus loin ma recherche et l’Association des Familles de Personnes Assassinées ou Disparues confirme qu’il y a officiellement 151 personnes disparues au Québec. La plus récente date du 24 janvier 2024.

Morts ou vivants ?

Ceux qui vivent la disparition d’un être cher, jour après jour, subissent le supplice de l’inexplicable et de l’incompréhensible et chacun vit et réfléchit cette réalité de façon différente. Un constat : les proches espèrent rarement que les disparus soient morts, ce qu’ils souhaitent c’est qu'ils soient encore en vie. Tant que l’espoir sera grand et poussera à l’action de retrouver l’être cher, rares seront les familles qui viendront consulter un thanatologue pour marquer la disparition. “Je ne peux le faire mourir, jamais je n’oserai faire ça. S’il le savait, ce serait terrible pour lui… et pour nous.” Pas question d’organiser des rituels funéraires, lorsque cette pensée envahit les proches. N’oublions pas cependant que dans une famille, certains peuvent être de cet avis mais d’autres pas. Car il y a des gens pour qui l’évidence du non-retour de la personne disparue émerge, devient une conviction personnelle et, même, évolue en une voie de paix intérieure. Ces proches peuvent alors démontrer le besoin d’organiser des rituels funéraires pour la personne disparue.

Quand la disparition devient une mort officielle

C’est le tribunal qui est compétent dans les cas de disparition. Il transmet un jugement déclaratif de décès au Directeur de l’état civil et un acte de décès est rédigé. L’article 93 du Code civil du Québec mentionne que : Lorsqu’il s’est écoulé sept ans depuis la disparition, le jugement déclaratif de décès peut être prononcé, à la demande de tout intéressé, y compris le curateur public et le ministre du Revenu dans ses fonctions d’administrateur provisoire de biens. Sans corps, sans certitude absolue, sans réponse mais avec le cœur et la tête remplis de questions en suspens et d’émotions contradictoires certaines familles peuvent entreprendre alors la démarche de rituels funéraires.

Dans un prochain blogue, je vous entretiendrai sur les façons d’organiser des rituels funéraires dans un tel contexte.

Bon courage.

Josée Masson, ambassadrice Corporation des thanatologues du Québec.

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